LE GROUPE MEMOIRES
Groupe né d’échanges et de dialogues entre les artistes Alain Kleinmann et Hastaire à la fin des années quatre-vingt-dix, il était composé pour sa première manifestation et publication des peintres Hastaire, Alain Kleinmann, Yuri Kuper, Martin Vaughn-James, Wang Yan Cheng.
Après de nombreuses expositions, le second catalogue du Groupe s’enrichit des talents de Didier Mahieu, Mary Curtis Ratcliff et Boris Zaborov.
L’exposition de Montceau voit Lydie Arickx intégrer le Groupe, lequel invite à cette occasion l’artiste cubain Yoel Diaz Gálvez.
Plusieurs marchands (C. Meyer, S. Dukan, C. de Smedt, N. Carpentier) invitèrent rapidement les artistes à exposer dans de grandes foires internationales (Art-Paris, Linéart – Gand, Belgique – St’Art, Strasbourg…), et dans diverses galeries (France, Belgique, Allemagne, La Réunion…)
Le Groupe Mémoires est composé d’artistes majeurs issus de cultures et de pays divers (Angleterre, états-Unis, Russie, Chine, France, Belgique, Cuba) travaillant autour de l’idée de la mémoire (individuelle et collective), chacun depuis sa propre histoire de façon singulière mais dans des hypothèses picturales proches les unes des autres.
Le XXe siècle aura connu d’importants groupes et mouvements en peinture (Surréalisme, Cubisme, Fauvisme, Cobra, Figuration libre…) et il est remarquable que le XXIe siècle qui verra les pays et les identités communiquer, se refondre et s’interroger, s’ouvre par le Groupe Mémoires qui porte précisément au travers de la peinture tous ces questionnements…
MANIFESTE DU GROUPE MEMOIRES
Texte publié dans “Mémoires – Manifeste”, éditions Art Témoin, Paris-Bruxelles, septembre 1999, dans “Mémoires”, éditions Tiempo Paris février 2001 et dans “Groupe Mémoires”, éditions Ville de Monceau et Guide Mayer, diffusion Flammarion, mars 2004
Aucune des Muses, filles de Mnémosyne – la Mémoire – ne présidait à une quelconque pratique picturale. Aussi sommes-nous décidés à prendre nos destinées en main…
Pour beaucoup, les divers groupes ou mouvements artistiques de ce siècle et demi passé ne durèrent bien souvent que le temps de leur enthousiasme généreux porté par sa charge d’utopie. Nous savons cependant ce que nous devons à ces fusions brèves mais parfois éclatantes.
Aujourd’hui, la peinture apparaît comme un lieu atomisé par le foisonnement des individualités et celui des nombreux mouvements qui le composent ; aussi par les guerres formalistes, les oppositions esthético-politiques, voire l’intolérance grandissante qui le décomposent. Sans doute ce siècle passé en aura vu de toutes les couleurs. Il reste qu’un arc-en-ciel est toujours la promesse d’un ravissement.
De mouvements constitués autour d’un dogme rigide, à ceux d’artistes rassemblés, soudés par l’aveuglement critique, la plupart de ces fusions opérées nous apparaissent aujourd’hui comme ayant été dans l’ensemble salutaires, décisives et régénératrices. Même si, par exemple, nous saluons Dada pour s’être bâti et battu très raisonnablement contre l’absurde incarné en son époque par une incroyable boucherie et que, dans le même temps, nous nous interrogeons sur la dérive mussolinienne, guerrière et misogyne du Futurisme.
MEMOIRES se veut avant tout un espace de liberté où se retrouvent à un certain moment de leur existence des peintres ayant déjà accompli une part significative de leur travail. C’est sur la reconnaissance de l’œuvre de l’Autre, de ses rapports, de son interaction avec la sienne, que se fonde la sympathie, ciment nécessaire à toute association en quête de sens.
Certes, nous possédons nos cultures spécifiques, mais c’est notre intérêt pour un travail s’articulant de façon très manifeste autour de ce thème, ainsi que des hypothèses communes dans le langage plastique lui-même, qui nous réunit fortement.
Depuis de nombreuses années – et parfois sans se connaître – nous avons souvent investi les mêmes lieux ; différemment, mais de manière troublante : de l’approche du fait pictural, en passant par le goût privilégié de certains matériaux (marouflages, incursions photographiques), comme des thématiques et de leurs intitulés ; tout semblait nous rassembler, tout nous rassemble aujourd’hui.
Au-delà des jeux formels que suppose la peinture, nous savons que nous ne sommes que les archéologues de nous-mêmes, comme nous savons que nous sommes condamnés à revivre notre passé afin de nous projeter le plus loin possible en avant ; plus profondes seront les racines, plus l’arbre sera généreux. Par ailleurs, nous imaginons aussi que la mémoire, ce qu’elle nous dispense – nos souvenirs – nous est bien souvent une blessure ; Hugo dans Hernani nous dit que celui dont le flanc saigne a meilleure mémoire.
à la fin du XIXe siècle, l’art est devenu partial. La peinture n’est morte que pour ceux qui s’acharnent à tenter de l’achever. Cependant, des iconoclastes tels que Duchamp, Man Ray ou Picabia, entre autres, dans la radicalité somptueuse de leur démarche, nous interdisent de la répéter à l’infini. Aussi nous délivrent-ils de la tentation aujourd’hui très répandue de s’y risquer sans gloire.
C’est donc en connaissance de cause – ou pour le moins par son interrogation insistante – que nous nous définissons.
Sans doute un véritable peintre n’en finit jamais d’interroger la peinture. Il lui faut néanmoins choisir : si son art ne se constitue pas comme un artefact, il ne relève alors que du simple mimétisme.
Nous nous sommes risqués à explorer des contrées inconnues situées aux confins de nous-mêmes, de nos mémoires personnelles et collectives.
Partageant un vocabulaire composé d’éléments faisant appel au figuré comme au non-figuré, à la peinture mêlée à des matériaux divers, archéologues de nos vies, artisans de nos propres langages picturaux, dynamisés par une réflexion synergique, si d’aventure nous trouvions au beau milieu de ces scories quelque chose nous apparaissant comme précieux – révélation heureuse de l’enfoui – nous n’aurons alors de cesse que de le faire partager…
Alain Kleinmann et Hastaire, cofondateurs du Groupe Mémoires
EXTRAIT D’UNE PREFACE DU CATALOGUE “GROUPE MEMOIRES” DE LA VILLE DE MONTCEAU
L’équipe d’artistes du Groupe MEMOIRES représente aujourd’hui un grand pari sur l’avenir. Avec l’expérience désormais historique des mouvements et des écoles artistiques du XXe siècle, depuis le surréalisme jusqu’à l’inféodation commerciale des œuvres devenues monnaie de l’économie dite culturelle, véritable Bourse des “placements”, nous connaissons les valeurs de l’engagement artistique et social et ne pouvons accepter les compromissions politiques qui ont fait leur preuve négative.
Il s’agit aujourd’hui de conquérir un public qui aspire à un destin moderne, hors des mythologies et du commerce. L’évolution des mentalités, la conscience du futur à naître doivent dominer le débat. L’énergie de demain ne peut être que populaire et fondée sur des vérités existentielles. La ville de Montceau-les-Mines apparaît comme exemplaire dans cette perspective. Née du sous-sol, dominée par le travail le plus rude, elle est l’image de la cité soumise à l’impératif des diktats du labeur forcé dans une économie impitoyable. Le temps est enfin venu de lever les impératifs catégoriques. La mine est enterrée et le soleil brille. C’est à une population pleine d’espérance dans ses ressources humaines que les artistes s’adressent pour proposer l’imaginaire et la foi en l’homme. Une situation qui fera date en ce XXIe siècle qui formule le grand pari de l’idéal humain des douze milliards d’habitants sur la planète avec l’évolution des technologies du progrès et le rôle de l’art enfin reconnu comme règne de l’essentiel…
André PARINAUD
CATALOGUES DU GROUPE MÉMOIRES